Préambule

Les plans nationaux de Santé Publique, (PNNS 2001,2006, 2011 – Plan Obésité 2010-2015), les publications scientifiques (Expertise collective de l’INSERM : Activité physique, contextes et effets sur la santé – 2008), le rapport Toussaint (Plan National de prévention par l’activité physique ou sportive) présenté le 18 septembre 2008, soulignent l’importance de l’activité physique pour la prévention et le traitement de nombreuses pathologies.

Parmi celles-ci, l’obésité est largement citée : lutter contre la sédentarité est un objectif capital.

Après avoir fait le tour de l’obésité et des « personnes obèses », j’ai découvert l’importance du « non médical » dans le projet d’amaigrissement qui est un contrat à durée indéterminée.
Désormais, mon principal et ambitieux objectif est que 100% de mes patients qui peuvent marcher et qui sont candidats à la chirurgie de l’obésité fassent 30 min de marche ou d’une autre activité plus ou moins rapide par jour, avant et après l’intervention chirurgicale.
J’ai la conviction que l’activité physique et/ou le sport sont indispensables pour un amaigrissement durable et doivent être prescrits comme un médicament par les médecins. La Haute Autorité de Santé préconise, dans ses recommandations de juin 2011, l’utilisation des thérapeutiques non médicamenteuses validées. Dans ma pratique l’activité physique est une ordonnance médicale.

Après une première démarche des professionnels des salles de sport, j’ai mis en place de façon progressive une autre démarche fondée sur un bénévolat différent que j’appelle un « bénévolat égoïste ».
Les causes de l’obésité sont multiples, et les conséquences sont visibles et invisibles.
L’obésité morbide ne nous « tombe » pas dessus. Avant d’être « gros » : on ne l’était pas.
Pour résumer, tout serait parti de la dérive d’un nouveau mode de vie auquel personne n’était préparé, avec un comportement alimentaire déstructuré par une nouvelle vie familiale et professionnelle stressante, par une société où tout va de plus en plus vite, avec une surenchère permanente de propositions et de sollicitations et une absence
d’activités physiques.

D’ailleurs, notre civilisation se caractérise par l’automobile, l’ascenseur, l’escalator, et le canapé devant la télévision. Le temps passé devant un écran (télévision, vidéo, jeux vidéo, ordinateur…) est actuellement l’indicateur de sédentarité le plus utilisé.

Sans parler de culpabilité, le patient obèse décide un jour d’assumer sa responsabilité en franchissant la porte du chirurgien. Inconsciemment, il vient y chercher un « garde-fou» pour changer son comportement alimentaire. Il doit être co-auteur de son traitement et ne doit plus se laisser déposséder de son amaigrissement.
L’amaigrissement ne doit pas être un ordre mais une envie et un projet à long terme qui doit être personnel et préparé.

Pour ma part, j’invite le patient obèse à s’asseoir sur un tabouret à trois pieds, stable et dynamique, pour un voyage risqué et mouvementé. Le pied de devant, c’est la chirurgie à laquelle je crois, les deux pieds de derrière sont la diététique raisonnable et accompagnatrice, et l’activité physique encadrée dans des associations que nous avons choisi d’appeler « Rondisport ». J’ai accepté ce joli nom pour insister sur le fait de toujours chercher à arrondir les angles afin d’offrir de bonnes conditions à ce projet atypique.

Un des trois pieds seul ne fait pas maigrir durablement. Maigrir par la chirurgie est une décision qui appartient au malade, c’est en ce sens un acte risqué et égoïste.

J’ai la conviction qu’on ne maigrit pas seul. On maigrit avec les autres et dans leur regard. Le regard qui croit bien faire en vous demandant : « Etes-vous malade ? ». On maigrit dans le miroir de son passé, et dans la prévision de nouveaux projets. On maigrit enfin dans la réappropriation de son corps. Jean-Jacques Rousseau disait que :
« Plus le corps est faible, plus il commande, plus il est fort, plus il obéît. ».

En d’autres termes, et nous en ferons notre devise :

« UN CORPS FATIGUÉ EST UN CORPS QUI COMMANDE, UN CORPS ENTRAÎNE EST UN CORPS QUI OBÉIT. »

L’activité physique, à laquelle nous invitons chacun, a juste la prétention de faire du bien et d’accompagner l’amaigrissement en équilibrant les masses musculaires et graisseuses.

Elle n’exclut personne : quels que soient le sexe, l’âge, les handicaps…
Après une « prescription » comme un médicament par des professionnels, cette activité physique doit pouvoir se faire dans son lit, dans son canapé, sur son lieu de travail, en salle, dans l’eau et sur terrain.

En privilégiant la notion de plaisir et de loisir, elle va permettre de retrouver l’équilibre, la souplesse, l’agilité, le souffle et l’aptitude « aérobie », la force musculaire, l’endurance… bref : la condition physique .La dose minimale d’activités physiques n’est pas définie avec précision.
Par contre on sait qu’une activité correspondant à une dépense énergétique de 1000 calories par semaine (soit la dépense énergétique moyenne obtenue par 30 min quotidiennes d’activité physique modérée, 110 calories environ) est associée à une diminution de 30% de la mortalité.

Rappelons qu’un croissant ordinaire, qui n’est pas pur beurre, contient 150 à 200 calories, un verre de vin rouge fournit 100 calories environ. Par contre, un ou plusieurs verres d’eau plate ou pétillante apportent 0 calorie. On ne peut pas maigrir et boire de l’alcool, par contre on peut maigrir et boire de l’eau.
Les avantages sont évidents. Les personnes concernées peuvent à nouveau vaquer aux activités élémentaires de la vie courante sans aide et redevenir autonomes. Elles n’ont plus besoin de quelqu’un pour se chausser ou se déchausser. Elles peuvent s’asseoir en croisant les jambes…Elles vont redécouvrir leur peau, leur « moi-peau ».

Pour la première fois dans cette aventure de chirurgie de l’obésité, j’ai accepté d’inciter à la création d’associations dans chaque grande ville, afin de mieux structurer et professionnaliser cette pratique sportive dans le cadre de la chirurgie bariatrique.
Dans les Rondisport, on pratique une activité physique en groupe avec des partenaires que l’on n’a pas choisis. Le seul point commun entre les participants est leur obésité.
Chacun venant avec sa personnalité, ses souffrances et sa fragilité plus ou moins grande.
Ces associations loi 1901 ne sont pas comme les autres. Dans une association habituelle, on s’engage pour aider les autres s’investissant dans des projets ou en aidant matériellement.
Avec la pratique nous avons remarqué que les Rondisport sont devenus de véritables lieux de rencontre, prolongeant les groupes de parole, les réseaux sociaux et les systèmes de parrainage que nous avons créés depuis des années
pour la préparation à l’intervention chirurgicale.
RONDISPORT (quel joli mot !)

Au total, l’analyse des résultats de mes dix premières années de chirurgie bariatrique a fait ressortir de façon évidente l’importance de la pratique d’activités physiques et/ou sportives pour un meilleur amaigrissement.

En 2008, j’ai contacté le Dr Cheipe, médecin du sport, pour m’aider à créer les associations Rondisport.

Ainsi naissent :

    • en janvier 2009, Rondisport P24 (Périgueux) mail : rondisportp24@sfr.fr
    • en juin 2009, Rondisport 23 (Guéret) mail : rondisport23@gmail.com
    • en octobre 2009, Rondisport 19 (Brive) mail : nathycool@orange.fr
    • en mars 2010, Rondisport 36 (Châteauroux) mail : rondisport36@gmail.com
    • en avril 2010, Rondisport 87 (Limoges) mail : rondisport87@hotmail.fr

Pour toute information supplémentaire : http://www.obesite-87.com/forum/
Un grand merci à tous les pionniers et aux dirigeants actuels des Rondisport : Pascale MOUNIER (Rondisport P24), Corinne TETANY (Rondisport 23), Nathalie TOULZAC (Rondisport 19), Sonia LHUILLIER (Rondisport 36), Marc BAPTISTE (Rondisport 87).
Un dernier merci à toutes les personnes physiques ou morales et à tous les mécènes qui nous aident pour le fonctionnement des Rondisport.

Dr SODJI Maxime

10 Mai 2010